LA BUSE : Combat Saint Denis

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Le combat de Saint-Denis est une bataille navale livrée le 26 avril 1721 entre un vaisseau portugais et deux navires pirates dans le port de Saint-Denis, sur l’île Bourbon.

Pris dans une tempête, le vaisseau portugais de 800 tonneaux Nossa Senhora do Cabo (Vierge du Cap) parti de Goa en Inde et en route pour Lisbonne, est contraint de relâcher dans le port de Saint-Denis pour réparer ses très importantes avaries : sa mature et son gouvernail sont endommagés et sa coque a souffert. Il transporte une très riche cargaison d’or, d’épices, d’étoffes, de bois précieux… ainsi que des passagers de marque. En effet, Luís Carlos Inácio Xavier de Meneses, comte d’Ericeira, vice-roi des Indes est à bord, ainsi que Dom Sebastian de Andrado, archevêque de Goa.

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Pendant une vingtaine de jours, le navire est immobilisé tandis que s’affairent les charpentiers. La majorité de l’équipage est à terre ainsi que le vice-roi et l’archevêque qui bénéficient tous deux de l’hospitalité du gouverneur Beauvollier de Courchant. Le 26 avril, deux voiles sont aperçues à l’horizon. Prévenu et en proie à un sombre pressentiment, le comte d’Ericeira regagne en hâte la Nossa Senhora do Cabo avec une demi-douzaine de compagnons. Les deux navires arborent le pavillon britannique, or tant le Portugal que la France sont en paix avec l’Angleterre, mais cette nationalité affichée ne rassure guère les Lusitaniens. La foule se masse sur la plage de Saint-Denis tandis que les intrus se rapprochent. Arrivés à portée de tir, les deux navires hissent le pavillon noir.

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Ce sont en effet des pirates, comme le craignait le comte d’Ericeira, et pas n’importe lesquels.

Le premier navire est l’ex-Cassandra capturé de haute lutte sur les Anglais, lors du combat d’Anjouan.

Il a été rebaptisé en Fantasy par le capitaine John Taylor, son nouveau commandant ; il est armé de 38 canons et compte 280 hommes d’équipage.

Le second navire, le Victory est dirigé par l’associé de Taylor, le Français Olivier Levasseur, dit La Buse.

Il y a 36 canons et 200 hommes à bord. Face à ces prédateurs maritimes, il n’y a qu’un bateau à l’ancre, armé d’une vingtaine de canons seulement (les autres, près d’une cinquantaine, sont passés par dessus bord pendant la tempête ou sont inutilisables) servis par une poignée de marins :

le gros de l’équipage est en effet mêlé à la foule sur la plage et ne peut qu’assister impuissant à la tragédie qui s’annonce.

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Les pirates ouvrent le feu ; galvanisés par le comte d’Ericeira, les Portugais répliquent. Ce qui devait s’annoncer comme une victoire facile devient un combat acharné.

Taylor décide d’en terminer et tente l’abordage du Nossa Senhora do Cabo; les hommes du comte d’Ericeira accueillent les assaillants à coups de mousquets, de pistolets, de haches et de sabres et les repoussent malgré leur supériorité numérique.

Le Fantasy s’éloigne et les échanges de bordées reprennent.

 bord du Nossa Senhora do Cabo, la situation est désespérée et les munitions viennent à manquer.

La mort dans l’âme, le vice-roi doit admettre sa défaite et il fait amener son pavillon.

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Les conséquences

Les pirates s’emparent avec le vaisseau portugais d’un butin gigantesque qui fait de chacun d’eux un homme riche.

Les marins survivants sont débarqués à terre, ainsi que le comte d’Ericeira, mais en ce qui le concerne, seulement après paiement d’une rançon de 2 000 piastres, qui est avancée par le gouverneur de Saint-Denis.

Cependant, Taylor impressionné par son courage lui rend son épée, dont la garde est en or, incrustée de diamants.

Les pirates vainqueurs s’éloignent ; quelques jours plus tard, un navire hollandais a la malchance de croiser leur route et sa cargaison s’ajoute au trésor conquis à Saint-Denis.

Ses avaries réparées, la Nossa Senhora do Cabo devient le Victorieux et vient grossir la petite escadre des deux pirates associés.

Quant au comte d’Ericeira, il est très mal accueilli à son retour à Lisbonne et cela malgré la résistance désespérée qu’il a opposée aux pirates.

En effet, parmi la cargaison se trouvaient des diamants qui devaient être remis au roi du Portugal. Ce dernier, furieux de leur perte, sanctionne Ericeira en le bannissant de la cour pendant 10 ans.

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Jean V PORTUGAL

Bibliographie
Daniel Vaxelaire, Le Grand livre de l’histoire de La Réunion, volume 1, Éditions Orphie, 1999, ISBN 9782877632294 .
(en) Collectif, Pirates, terror on the high seas from the Caribbean to the South China Sea, JG Press inc., 1998, ISBN 1-57215-264-8.

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