Flibustiers, femmes marchandes et simulacres de royaumes à Madagascar au XVIIIe siècle.
« Je vais raconter une histoire de magie et de mensonges, de batailles navales et de princesses enlevées, de révoltes d’esclaves et de chasses à l’homme, de royaumes de pacotille et d’ambassadeurs imposteurs, d’espions et de voleurs de joyaux, d’empoisonneurs et de sectateurs du diable et d’obsession sexuelle, toutes choses qui participent des origines de la liberté moderne. »
De 1989 à 1991, David Graeber accomplit une étude de terrain ethnographique à Madagascar. Il en tira sa thèse de doctorat sur la magie, l’esclavage et la politique dans la Grande Île. Lors de ce séjour, il découvrit l’existence d’un groupe ethnique formé des descendants métissés des nombreux pirates qui s’y étaient installés au début du XVIIIe siècle : les Zana-Malata.
Il entreprit des recherches historiques sur cette population, ébaucha sur le sujet un essai. Ce n’est que dernièrement qu’il s’est décidé à finaliser cet écrit et à le faire éditer. Il y fait la lumière sur l’utopie pirate baptisée « Libertalia » par Daniel Defoe.
Décryptant la mythologie propre aux légendes pirates et comparant d’un œil critique les rares documents probants, l’auteur avance de très plausibles hypothèses sur l’impact qu’eurent les flibustiers et leurs descendants sur la culture et la politique malgache au siècle des Lumières – mais aussi sur l’influence qu’eurent les récits de pirates et les pratiques proto-démocratiques, voire libertaires, sur les penseurs desdites Lumières.
Il en résulte un récit lumineux et passionnant, doublé d’une réflexion stimulante sur la nature et les origines de l’idéologie marchande, du colonialisme et de l’européocentrisme.